Impression à la planche

Tous les imprimeurs de planches, vous les reconnaîtrez très bien, ils ont l’os du poignet qui est protubérant à force d’avoir tapé …

Pendant plus de 150 ans, la technique de l’impression à la planche s’impose dans les manufactures de la région Rhône-Alpes, n’accordant qu’une place secondaire aux autres techniques comme l’impression au cylindre ou à la plaque de cuivre. Longtemps dans l’ombre des luxueuses soieries façonnées de Lyon, l’étoffe imprimée a peu à peu imposé ses qualités esthétiques et fonctionnelles.

La fabrication des planches

Elle se déroule en  plusieurs étapes.

1-L’esquisse

C’est le dessin que le fabricant veut faire transposer sur une étoffe. Il est réalisé par un dessinateur spécialisé en dessin textile et prend en compte le procédé d’impression utilisé et les contraintes techniques (format, nombre de couleurs, précision, etc).

2-La composition des planches

Les planches d’impression sont fabriquées dans les entreprises d’impression. Elles se composent de quatre à cinq plaques de bois collées à fil croisé pour éviter les déformations. La partie à graver est en poirier pour sa bonne densité, son homogénéité et sa faible sensibilité à l’humidité. Les planches d’impression sont fabriquées dans les entreprises d’impression. Si elles s’adaptent aux exigences du dessin, elles sont généralement de 25 par 30 cm par souci de précision et de maniabilité.

3-La mise sur bois

Tout l’art du metteur sur bois est d’interpréter le dessin en restant le plus fidèle possible au tracé et aux couleurs, tout en prenant en compte les contraintes techniques et économiques de sa reproduction. À l’aide de calques, le dessin est décomposé en couleurs. Chaque calque est ensuite reproduit à l’aide d’un papier huilé (le gratté) et d’une pointe sèche sur une planche. Chaque planche correspond donc à une couleur et le motif final sera un assemblage de plusieurs planches.

4-La gravure

Une fois le dessin reporté, le graveur saisit ses gouges et taille les planches de bois en épargne, afin de faire ressortir le motif en relief. Ce travail délicat, qui conditionne toutes les étapes suivantes, peut prendre plusieurs jours pour une seule planche. La gravure évolue au fil du temps et diverses techniques permettent d’obtenir un rendu d’une plus grande finesse, avec notamment l’incrustation de lamelles de laiton dans le bois ou la technique de la plombine, qui permettent la reproduction de motifs délicats comme les lignes noires qui forment le contour du dessin.

L’impression

Les planches de finesse (les sertis) sont imprimées en premier, avant les planches de rentrure (les aplats). Pour faire pénétrer la couleur dans le tissu, l’imprimeur frappe la planche avec le manche d’une petite masse en fonte. Il peut aussi « taper le poirier » directement avec son poing. Un ouvrier imprimeur met en moyenne une heure pour réaliser 30 mètres de tissu avec une seule planche.

Après l’impression des couleurs, le tissu est suspendu au dessus de la table pour sécher avant d’être fixé et lavé.

Deux à trois années d’apprentissage sont nécessaires pour devenir imprimeur et « avoir une table à soi ». Le jeune acquiert les gestes d’une impression de qualité en observant son aîné et en le secondant.

Les femmes, plus nombreuses dans l’impression que dans la gravure, sont souvent spécialisées dans l’impression des rentrures ou des tissus façonnés qui nécessitent délicatesse et précision. Certaines sont responsables d’une table.


Musée Bourgoin-Jallieu : Impression planche par Bourgoinisere