Le tissage de la soie en Bas-Dauphiné en 1862

La soie, longtemps cantonnée à Lyon, ne devient une activité de premier ordre en Dauphiné qu’au XIXe s., avec l’essor de la sériciculture et avec la diffusion du tissage à domicile dans les campagnes dès les années 1830.

En effet, la Fabrique lyonnaise fonctionne selon un mode d’organisation qui  lui est propre : ce sont les fabricants (les soyeux) qui organisent le travail. Leur rôle consiste à faire l’intermédiaire entre les clients et les tisseurs (les canuts). Mais ceux-ci se révoltent en 1831 et 1834, à la suite de conflits d’intérêts au sujet de leur rémunération.

Ces révoltes incitent les soyeux à disperser les unités de production à la campagne en raison du bas niveau des salaires et de la docilité de la main d’œuvre rurale. Dans les années 1830, les métiers à tisser sont ainsi implantés dans les départements proches de Lyon, notamment vers Villefranche-sur-Saône, Dijon ou encore Bourgoin-Jallieu, qui constitue un site idéal : la main d’œuvre y est nombreuse et peu onéreuse et l’eau y est abondante, avec notamment la présence du canal Mouturier creusé dans la 2nd moitié du XVIIIe s. pour l’exploitation du chanvre.

L’activité de tissage se développe à domicile : de petites unités de production assurent un revenu complémentaire, notamment aux femmes. Avec un ou deux métiers à la maison, elles peuvent à la fois travailler aux champs et tisser quelques pièces de soie.

Mais la Fabrique lyonnaise développe aussi des usines à la campagne, et notamment les usines pensionnat, particulièrement nombreuses dans le Bas-Dauphiné. Elles s’installent le long des cours d’eau, comme à Ruy le long de la Bourbre avec l’usine Schwarzenbach. Bastion moral contre le désordre des concentrations ouvrières urbaines, ces usines se multiplient dans les années 1880.

Ainsi, les soyeux lyonnais réduisent leurs coûts de fabrication avec une main d’œuvre bon marché et docile.