La toile de Jouy est une étoffe de coton, dite indienne, sur laquelle sont représentés des personnages, avec des décors ou des paysages. Les dessins sont imprimés à la planche de cuivre et sont le plus souvent monochromes, rouges ou violets (aubergine), mais peuvent se décliner dans d’autres coloris, rose, bleu clair ou marine, vert clair ou foncé voire beige ou gris.
À l’origine, ce type de toile fut créé dans les ateliers de la manufacture Oberkampf, fondée en 1760 à Jouy-en-Josas. Cette manufacture devint rapidement l’une des plus importantes indienneries du XVIIIe s. et a laissé son nom dans l’histoire de l’art décoratif.
Cependant, le terme de toile de Jouy n’est pas la marque déposée d’un produit uniquement fabriqué à Jouy-en-Josas. Même du temps d’Oberkampf, d’autres manufactures, comme celles de Mulhouse, produisirent des tissus identiques et le terme est devenu en quelque sorte un nom générique.
Pour réaliser les motifs des toiles de Jouy, Oberkampf n’a pas hésité à faire appel à des dessinateurs de renom. C’est le cas notamment de Jean-Baptiste Huet (1745-1811), qui a fortement marqué la manufacture. Il débute sa collaboration avec Oberkampf en 1783 et la poursuivra jusqu’en 1811, année de son décès.
Les motifs des toiles de Jouy dépeignent des scènes de genre, d’inspiration mythologique ou pastorale, empreintes de légèreté et de fraîcheur, qui mettent en images des fleurs, des animaux ou des personnages qui chassent, déjeunent ou s’encanaillent dans des décors pittoresques.
Très au fait de l’actualité, la toile de Jouy avait également une vocation ludique ; celle de transmettre certaines connaissances, ou de retranscrire des événements historiques. Une certaine partie de l’Histoire de France est dépeinte sur ces étoffes. On dit même que la toile de Jouy fut la « première bande dessinée de l’histoire ».
Certains motifs reproduisent également des scènes tirées d’œuvres philosophiques ou littéraires comme les fables de La Fontaine, ou illustrent des paysages exotiques qui mettent en scène des animaux sauvages encore inconnus en Europe. La toile de Jouy reflète ainsi profondément le bouillonnement d’idées et la frivolité que fut la vie bourgeoise à l’époque des Lumières.