LES « USINES PENSIONNATS»
Les « usines-couvents » où l’on tisse la soie, se répandent dans le Dauphiné après les émeutes lyonnaises de 1831. De jeunes ouvrières recrutées dans les campagnes et logées dans des dortoirs sont encadrées par des religieuses, travaillent et reçoivent une éducation chrétienne et « saine ». Bastion moral contre le désordre des concentrations ouvrières urbaines, ces usines se multiplient dans les années 1880 et ferment, pour la plupart d’entre elles, entre les deux guerres.
L’empire Schwarzenbach
Thalwil (Suisse) est le berceau de la famille Schwarzenbach. Fondée en 1830 par Johannes, l’entreprise connaît une extension internationale (Italie, USA, Allemagne, France). En 1892, la montée du protectionnisme et la tarification des produits décident Robert Schwarzenbach à acquérir, en France, une usine de moulinage à Boussieu. Dans un courrier envoyé par l’un de ses dirigeants on lui dit : « avoir trouvé un lieu idyllique : un ruisseau serpente à travers un parc désuet, une minoterie garde le portail et parmi de beaux arbres presque comme dans les contes de fées, il y a une soierie« . C’est ainsi qu’est née la grande aventure de l’usine Schwarzenbach de Boussieu.
Le tissage commence avec 151 métiers à bras (820 en 1901). On y adjoint 418 métiers mécaniques (jusqu’à 1040 sur Boussieu et la Tour du Pin en 1912).
En 1896, l’atelier compte 600 ouvrières encadrées par les religieuses de Sainte-Philomène. En mars 1897, une convention est signée entre l’abbé Rieffel et les propriétaires de l’usine pour édifier une maison des sourdes et muettes qui assurent à l’usine une main d’œuvre stable.
L’usine Schwarzenbach fonctionne comme usine pensionnat jusqu’aux années 1940. L’activité textile perdure jusqu’aux années 1990 avant l’abandon du site, détruit par un incendie en juillet 2004.
L’usine de Boussieu
1. Les ateliers sous sheds
La forme des toits en sheds (d’origine britannique) fournit aux ateliers un éclairage égal tout au long de la journée. Ils nécessitent d’importantes surfaces d’implantation. Un premier atelier est construit à la fin du XIXe s., et un second vers 1948
2. L’unité de production : le bâtiment de tissage
Un seul bâtiment réunit l’ensemble des ateliers de tissage sur trois niveaux.
3. Le bâtiment d’hébergement ou « caserne pour les ouvrières »
C’est l’un des bâtiments les plus anciens de l’usine (1850). Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine, le réfectoire, la salle de cours. Les dortoirs, situés aux étages, sont desservis par des escaliers.