Marine, Baie de Trégastel

Cette marine est la dernière toile de Victor Charreton à avoir rejoint les collections du musée. Elle a été acquise le 17 juin 2017 avec la participation des Amis du Musée de Bourgoin-Jallieu et du Fonds Régional d’Acquisition des Musées (FRAM). Le Musée conserve actuellement 178 œuvres (dessins, sanguines, tableaux) de cet artiste post-impressionniste, qui s’inscrit dans la longue filiation des paysagistes du XIXe s.

Peintre voyageur, Victor Charreton a représenté au fil des saisons l’Auvergne, la Provence, son Dauphiné natal… mais aussi la Bretagne, région qu’il affectionne particulièrement depuis son plus jeune âge. Malheureusement, très peu de documents renseignent sa production d’œuvres bretonnes. Nous savons qu’il y a séjourné au moins une dizaine de fois avec sa femme, entre 1905 et 1924. Sa correspondance nous permet de suivre ses itinéraires à Ver-sur-Mer, Cancale, Saint-Malo, Arradon, Pont-Aven, Douarnenez, Ploumanach, Bénodet et Ploaré. Il a probablement rencontré là d’autres artistes, comme Ladislas Slawinski (1888-1915) qui avait travaillé avec Gauguin à Pont-Aven.

Plutôt attiré par les villages pittoresques et les atmosphères brumeuses et pluvieuses des terres, Victor Charreton ne peint que peu de marines, tout au plus une vingtaine, et n’exploite pas dans celles-ci la forme traditionnelle, préférant le 60 x 73 cm. Mais il porte globalement peu d’intérêt à la représentation du grand large. Le plus souvent, s’il représente la mer, elle n’est que suggérée au second ou troisième plan. De plus, la plupart de ses marines sont difficiles à localiser. Représentent-elles l’océan ? En Bretagne ? En Normandie ? La Méditerranée ?  Les côtes rocheuses rouge-brun sont les plus nombreuses, et il aime représenter les rochers et les mouvements des vagues. Les deux autres marines que conserve le Musée, représentant des vagues se brisant sur des rochers affleurant d’un bouillon d’écume, en témoignent.

La marine que nous exposons dans le cadre des 90 ans du Musée se distingue donc du reste de sa production. En effet, elle présente une mer paisible, calme. De plus, on distingue au loin la silhouette d’un château sur un îlot. Il s’agit du château de Costaérès, proche de Ploumanach. Ce détail permet donc d’identifier le lieu exact, la Baie de Trégastel, dans les Côtes-d’Armor. On retrouve cependant dans les trois marines les côtes rouge-brun, ainsi que les touches de rose et de mauve, caractéristiques de la palette chromatique du peintre.