Cette robe et ce portrait ont été donnés au Musée en 2014 par la famille Bonhomme, une famille de notables berjalliens. Ils étaient notamment les propriétaires des Grands Moulins de Bourgoin, situés juste en face du Musée et rasés en 2007. C’est en 1854 que Benoît Bonhomme et son fils Charles I Bonhomme en reprennent la gestion et rapidement, les agrandissements et les modernisations se succèdent. Cette dynastie de minotiers va ensuite voir se succéder 5 générations de Charles Bonhomme. L’un d’entre eux, Charles II, époux de Marie Mortier, sera même maire de Bourgoin de 1890 à 1892. Leur maison de maître, située à Champaret, est aujourd’hui occupée par l’hôtel-restaurant La commanderie de Champaret.
La femme représentée sur le portrait est l’épouse de Charles III Bonhomme (1893-1972). Il s’agit de Suzanne Rajon (1894-1972), fille d’un avocat, Nestor Rajon. Ce portrait date de 1931, elle a alors 37 ans. Il a été peint par un portraitiste réputé de la bonne société lyonnaise, Tony Tollet (1857-1953).
La robe que porte Mme Bonhomme sur son portrait a été réalisée vers 1931 dans une manufacture berjalienne et s’inspire d’un modèle de la Maison Schiaparelli. Comme toutes les femmes de la bourgeoisie des villes de province, Mme Bonhomme s’intéresse en effet, grâce à de nombreux catalogues, à la mode en vogue à Paris.
Les bretelles de la robe sont fines et couvertes de strass et la tenue est complétée par une petite cape que l’on noue à l’aide de deux liens au niveau du port de tête. Les deux pièces sont faites de soie noire, sur laquelle sont imprimés des bouquets de roses. L’impression a été faite à la planche avec la technique du rongeant.
La planche est un tampon de bois sur lequel le motif est gravé en relief. Après avoir été enduite de colorant, la planche est fortement appuyée sur le tissu, pour y reproduire le dessin. Dans le cas d’une impression par rongeage, le tissu est préalablement teint. On applique ensuite sur ce fond, à l’aide des planches, un produit réducteur, le rongeant, qui va détruire localement le colorant dont on s’était servi pour teindre le tissu. Si la zone rongée devient blanche, on parle d’impression rongée à blanc. Si au contraire un dessin coloré doit être obtenu dans la zone rongée, le procédé est alors appelé impression rongée colorée. Dans ce cas, la pâte d’impression doit contenir un colorant en plus des produits chimiques nécessaires pour détruire le précédent.
On pratique généralement ce type d’impression pour obtenir de petits motifs colorés sur des fonds de grande dimension, noirs ou très foncés.