Le Musée de Bourgoin-Jallieu accorde une importance toute particulière au savoir-faire local de l’impression sur étoffes, industrie phare du territoire berjallien. Le fonds consacré à l’ennoblissement textile s’est particulièrement enrichi ces 20 dernières années, avec l’achat de lots provenant de deux entreprises d’impression : la maison PRB, fondée en 1924 à Villeurbanne, et l’entreprise Mermoz, créée en 1923.
Ainsi, lorsque l’entreprise Mermoz, fleuron de l’impression sur étoffes, ferme définitivement ses portes en 2003, c’est tout un savoir-faire et un pan industriel de la ville qui risque de disparaître. Pour éviter que le fonds ne soit dispersé, le musée s’en porte acquéreur, et environ 40 000 documents (empreintes, rebracks, tissus, dossiers techniques, etc.) rejoignent ainsi les collections du musée, avec la participation du FRAM et le mécénat de la Holding Texas Hermès, pour un montant total de 62 192 € TTC.
Les Établissements Mermoz
L’entreprise Mermoz est fondée en 1923 par Robert Mermoz et a été l’un de fleurons de l’économie locale. À l’origine, elle était spécialisée dans la technique artisanale de l’impression à la planche, mais dès les années 1930, elle s’oriente vers l’impression au cadre plat « à la lyonnaise » et travaille pour les soyeux lyonnais.
Dans les années 1960, Robert Mermoz décide de se tourner vers l’impression très haut de gamme, et travaille pour les plus grandes maisons de couture, Courrège, Léonard Fashion, Dior, Yves Saint-Laurent, Chanel ou Hermès, pour lesquelles il produit de petites séries. Il travaille également avec les maisons d’ameublement Pierre Frey, Tassinari, Prelle ou Canovas. Dans ce secteur, sa renommée est notamment due aux reproductions au cadre plat de documents du XVIIIe et XIXe siècle, comme des toiles de Jouy.
Lorsque Robert Mermoz meurt en 1965, l’entreprise est rachetée par les principaux cadres qui perpétuent son savoir-faire et arrivent à lutter contre la concurrence. Elle devient dans les années 1990 la première de France pour l’impression haute-couture et ameublement. Les moyens de production les plus performants permettent d’imprimer tous les tissus. En 1995 et 1996, le chiffre d’affaire atteint des sommets avec des ventes à l’exportation exceptionnelles, notamment aux Etats-Unis. La société a en effet su séduire le marché de l’ameublement américain, notamment l’enseigne newyorkaise Brunswick, n°1 du tissu d’ameublement aux Etats-Unis.
Les années 2000 marquent le déclin de ce fleuron de l’économie locale. L’entreprise doit en effet faire face à une crise textile sans précédent et à une nouvelle tendance pour l’uni. Les difficultés s’accumulent et la liquidation judiciaire est prononcée en 2003.