A partir de 1865, sans abandonner les sujets religieux et historiques, Alfred Bellet du Poisat se consacre à la peinture de paysage et de marine dans lesquels outre ses qualités de coloriste, il développe sa sensibilité aux rendus atmosphériques.
C’est en effet à partir d’un voyage aux Pays-Bas en 1866, où il découvre les paysagistes hollandais du 17e s., que la nature devient une source d’inspiration. D’abord austères, abordés dans des tonalités sourdes, travaillés dans une matière un peu lourde, ses paysages ont le caractère puissant qu’il sait donner à ses tableaux d’histoire. À partir de 1870, sa manière évolue sensiblement ; la main se fait plus légère, le motif plus éclairé.
C’est dans cette veine que se place le tableau présenté ici. Il montre un style marqué par des touches larges et franches parfois rudes, mais aussi plus douces. Le tracé de son dessin offre ainsi au regard une impression puissante, un ensemble fort et vibrant d’intensité qui a fait l’unanimité des critiques de son époque : on apprécie beaucoup sa sensibilité et sa traduction quasi impressionniste des sensations, des variations atmosphériques dans la veine des courants pré-impressionistes.
Le critique d’art pour le journal Salut Public, Edmond Jumel (1824-1885), évoque en 1884 lors de la première rétrospective de Bellet du Poisat :
Les eaux, quelles qu’elles fussent, étaient d’ailleurs, familières à l’artiste; il savait aussi bien les faire courir sur le lit sablonneux d’une rivière (…) que les endormir entre les berges régulières d’un canal pour y refléter un ciel limpide (…), ou nuageux , comme dans le canal bordé d’arbres avec bateaux.