Champ de Mars, neige fondante

Malgré une forte présence de l’architecture dans ses œuvres, Victor Charreton ne peint que très rarement des sites urbains leur préférant des villages typiques d’Auvergne le plus souvent. Les places publiques avec un rond-point ou une fontaine centrale  constituent la majorité de ses paysages urbains.

Ici, il a choisi de représenter le Champ de Mars de Jallieu sous la neige entre 1918 et 1926 ; il s’agit de l’un des rares paysages urbains de Charreton, d’autant plus rare qu’il s’agit de sa ville natale qu’il a très peu représentée.  La comparaison avec des cartes postales du début du XXe siècle permet de reconnaitre le kiosque. Il était longeaient de terrasses des cafés situés en bordure du Champ de mars. Les carnets de croquis de Charreton montrent qu’à Paris il dessinait volontiers depuis la terrasse des cafés, ce que l’angle de la représentation du Champ de mars laisse supposer ici.

Victor Charreton a choisi de ne montrer qu’une vue très partielle de cette vaste place : au 1er plan fermant la partie gauche du tableau les pots d’arbustes et derrière la tache rouge d’une roulotte, sur la droite le kiosque aisément reconnaissable sur des cartes postales anciennes. A l’arrière-plan se profile les immeubles qui bordent la place. L’ensemble de la composition est traité dans des dominantes de bruns-roux soulignés de larges trainées blanches et au premier plan la masse verte ponctuée de blanc des arbustes. La couleur rouge vif de la roulotte avec un rappel plus orangé sur la droite permettent d’éclaircir et égayer l’ensemble de la palette. Nous retrouvons donc ici une gamme de couleurs que le peintre affectionne dans certaines de ses compositions hivernales que ce soit en Auvergne ou à Paris. Le trait est large, la composition brossée à grands coups de pinceaux, ainsi que l’on peut le constater dans certaines de ses œuvres, donnant un caractère vigoureux à cette peinture.