Conduite des compagnons charpentiers, XVIe siècle

La version définitive de ce tableau appartient au Musée des beaux-arts de Dijon et conservé par le Musée du compagnonnage de Tours

Cette huile sur toile est une étape préparatoire à celle conservée par le Musée des Beaux-Arts de Dijon en dépôt au Musée du Compagnonnage de Tours. Bellet du Poisat réalisait souvent des études préparatoires à l’huile sur toile dans des formats généralement plus modestes que pour celle-ci. (Le Christ prêchant sur le lac de Génésareth conservé au musée de Brou à Bourg-en-Bresse, Les augures ou Le lion dont le Musée de Bourgoin-Jallieu possède des esquisses préparatoires). La touche y est plus nerveuse, moins fine que dans les œuvres finalisées, les feuillages sont moins transparents et le ciel moins subtil, les personnages plus vigoureux. Cependant, il est à remarquer, comme dans les exemples précédents, que la scène et la composition sont similaires à l’œuvre finale. Il semble qu’il existe également une étude préparatoire pour le personnage au béret rouge non localisée actuellement.

En marge du grand itinéraire du Tour de France qui suit le Rhône de Marseille à Lyon, le Dauphiné , annexé en 1349 à la couronne de France , eut des Cayennes ou des Chambres (siège des Compagnons) de plusieurs métiers et on peut avancer que tous les autres corps y travaillèrent. Les compagnons du Dauphiné se nommaient Anthoine ou François le Dauphiné ou encore Dauphiné l’Espérance ou Dauphiné la Fidélité. Les signatures des compagnons se retrouvent partout: pierre des monuments de toute époque (Pont du Gard, Temple de Diane à Nîmes:1725 J.B. Rolon, C. Serrurier de Vienne en Dauphiné), Les parties cachées des églises: escaliers intérieurs, triforium, etc. et bien sur les charpentes de tous les édifices anciens. Sous la Restauration, le Compagnonnage s’illustre par beaucoup d’images. Etienne Leclair dessinateur, consacre une aquarelle à la Conduite de Dauphiné le Courageux partant de Paris le 20 juin 1819. Le compagnon est accompagné par d’autres tout « Bon drilles du Devoir ». Il dessine en 1827, Dauphiné le Fidèle avec la canne enrubannée nommée le Rouleur ( on dit que le compagnon est bien campé en Rouleur) à côté d’un chien (symbole de devoir et de son Sobriquet Fidélité). 1830 les compagnons sont sur les barricades à Paris pendant les Trois Glorieuses pour défendre la liberté. D’août à Septembre 1832, c’est la grève des Compagnons Charpentiers au chantier du pont de Pecq. En 1848, ils prendront part à la révolution. Joisten indique dans « Le Folklore du Dauphiné » de 1932-1933, qu’à Châbons, jadis, « un cortège de Compagnon avec leurs cannes pour se rendre à l’office ». Un compagnon menuisier de Bourgoin fin 18e siècle un certain Billard dit François le Dauphiné. (au 20e siècle une menuiserie Billard avait pignon sur rue à Bourgoin). Le terme Conduite de Grenoble est imprimée pour la première fois dans la 4e édition du Dictionnaire Moreri, seulement en 1759, même si l’expression existe depuis 1678 puisqu’il se retrouve dans des lettres. Ces conduites étaient menées avec force chansons composées pour un compagnon en particulier ou tout du moins adaptée pour un compagnon.