Indiennes et prohibition

L’histoire de l’implantation de l’industrie de l’impression textile en France est une histoire pleine de rebondissements.

La mode des Indiennes

Au XVIe s., l’Europe découvre des étoffes peintes ou imprimées, appelées  « indiennes ». Ces toiles de cotons fines et colorées (végétation luxuriante, animaux, couleurs vives…) sont rapportées des Indes par la Compagnie des Indes orientales. Grâce à leurs décors vifs, leur légèreté et leur entretien facile, elles concurrencent rapidement les étoffes de soie, de laine et les toiles de lin unies produites en Europe.

Puis, dans les années 1640, des marchands arméniens introduisent en France, et plus particulièrement à Marseille, la technique d’impression au tampon de bois gravé. Des manufactures se créent rapidement. Mais cette production à tôt fait de concurrencer les manufactures de soie et de laine françaises.

Le temps de la Prohibition

En 1686, pour protéger les soyeux et les lainiers, le roi interdit par décret l’importation, la production, le « port et l’usage » des indiennes. Il s’ensuit une prohibition qui provoque l’exode des ouvriers français en Italie et en Suisse. En France, les indiennes subissent une forte contrebande, notamment avec le célèbre bandit Mandrin.

L’interdit n’est finalement levé qu’en 1759 par Louis XV, sur les instances de Madame de Pompadour. Les importations des Indes lourdement taxées sont progressivement remplacées par des productions nationales dont les motifs sont adaptés au marché européen. De multiples foyers surgissent un peu partout.

Les premières manufactures berjalliennes

Dès la fin de la prohibition, le Dauphiné devient un lieu de production de ces fameuses indiennes. Au carrefour de Lyon et Grenoble, Bourgoin et Jallieu possèdent un atout de taille pour le développement de l’industrie textile, et plus particulièrement de l’ennoblissement : l’espace pour les usines et l’eau indispensable pour les opérations de fixage et de lavage des étoffes imprimées ou teintes.

À Jallieu, Charles-Emmanuel Perrégaux, installe ainsi en 1788 une fabrique d’indiennes et fait appel à une main d’œuvre extérieure, suisse, pour former la population locale (à l’origine du noyau protestant de B.-J.). Les Perrégaux prennent ainsi un ascendant sur Bourgoin et Jallieu où ils emploient 280 personnes et sont les précurseurs des grandes familles manufacturières berjalliennes à l’origine de l’essor de la ville.